J’avais hâte de replonger dans l’univers de Richard Erèbe, un auteur que j’apprécie énormément et que j’ai eu la chance de rencontrer au Salon du Fantastique. Son premier roman, Là où les portes sont closes, m’avait profondément touchée. Alors forcément, quand Les ténèbres à nos pas est sorti, j’étais impatiente de le découvrir. Et le titre porte bien son nom !
On y suit deux personnages : Néréa, une adolescente de 17 ans persuadée d’être maudite, et William, un jeune homme de 24 ans dont la vie bascule après la mort de son meilleur ami. Dès les premières pages, on plonge dans leurs quotidiens, leurs blessures, leurs luttes intérieures. En lisant les premières lignes sur William, j’avais l’impression d’observer une série Netflix. Le harcèlement qu’il subit au travail, sa lutte pour se remettre de son propre trauma et son besoin viscérale de comprendre la douleur d’autrui; tout cela a crée un inconfort en moi, mais la curiosité a continué à me pousser à tourner les pages. Il n’y a pas a pas à dire, les antagonistes de l’histoire étaient vraiment flippants! Autour d’eux gravitent d’autres âmes toute aussi brisées, car derrière les apparences, chaque personnage cache un passé marqué par la douleur. Au-delà du côté sombre, c’est aussi ce qui rend ce roman si humain : on parvient à s’identifier à chacun d’entre eux.
J’ai été happée par le quotidien difficile de William dès le début du roman, par ses blessures, mais j’ai été d’autant plus bouleversée par le passé de Néréa, cette jeune fille qui ne voulait qu’une chose : être simplement une adolescente comme les autres. À travers eux, Richard Erèbe nous entraîne dans un univers à la fois sombre et lumineux dans la ville de Lycie-Laroche, où chaque ombre cache une part sombre de l’âme humaine. Le roman explore l’abîme que l’on porte en soi, celui qui nous pousse à chercher la source de nos blessures… mais aussi la force de les affronter. Et si, finalement, nous étions à la fois la cause et la solution de nos propres tourments ? J’ai beaucoup aimé la description du monde paralèlle crée par l’auteur, et la créativité dont il fait preuve pour nous faire pénétrer ce monde (chut, je ne peux pas en dire plus, il faut le lire pour comprendre!)
Quand j’ai refermé le livre, j’étais décoiffée… de l’intérieur. J’ai eu besoin d’un moment pour respirer, pour digérer tout ce que je venais de lire. C’est un roman fort, ambitieux, d’une intensité rare. Richard Erèbe y déploie une écriture toujours aussi précise et qui prend par les tripes, pour nous entraîner là où la lumière ne pénètre plus… mais où l’espoir continue de prospérer. Les scènes d’action sont multiples et graphiques, jusqu’à l’apothéose de la fin qui m’a fait retenir mon souffle!
Un récit plus sombre encore que son précédent, mais un défi relevé avec brio.
Attention : après Les ténèbres à nos pas, vous ne verrez plus jamais les empreintes que vous laissez derrière vous de la même façon !
Un roman que je vous recommande vivement, d’un auteur que je ne me lasserai jamais de lire !



